Theorie de la cyberculture UQAC 2025 - Alexandre Turcotte
ESSAI 1 - Les séries web et l'héritage de la télé à accès publique
Quand je vous dis les mots "série web", qu'est-ce qui vous vient à l'esprit ? Des histoires aussi étendues et profondes que les drames de la télé traditionnelle ? Des chroniques sur un sujet en particulier, comme un film ou un jeu peut-être ? Ou même des animations allant du mignon à l’expérimental, en passant par le grotesque. Ce qui est sûr, c’est que l’on pense à des œuvres pouvant être distribuées bien plus facilement autour du monde, et qui par conséquent, sont parfois moins filtrées comparées à une production classique à la télé ou au cinéma. Les productions du Net, surtout au début, sont bien plus personnelles, surtout quand elles sont faites par des groupes plus petits qui n'ont pas à se soucier de producteurs ou de distributeurs autres que leur siteweb de choix (YouTube, Newgrounds, TikTok, etc.). Bien qu’il y ait également les circuits de festivals comme Fantasia ou Regard pour les films indépendants, la distribution en ligne permet de ne pas avoir à trop payer pour rendre sa vision accessible au plus grand nombre. Dans l’esprit de la cyberculture, on a une pluralité de visions.
D’abord, l’une des origines possibles de ses œuvres du 21ᵉ siècle se trouve dans la branche de la télévision à accès public. Pour la faire courte, depuis les années 1970, des gens créent des segments télévisuels locaux à leur région sans pub ni motivation monétaire avec de l’équipement fourni ou non par la station. Il y avait même des interactions avec le public via appels téléphoniques, menant à diverses dérives comme des commentaires déplacés ou des blagues à la con, similaires aux commentaires sous une vidéo ou un chat Twitch en direct en somme.
Ensuite, voici un exemple plus précis se basant sur un genre qui sent bien l’internet, le genre de la revue et critique humoristique. Bien que les séries de critiques sur internet à but humoristique, surtout celles ayant début en milieu ou fin de la décennie 2000 - 2010, citent souvent comme ancêtre commun Mystery Science Theatre 3000, Siskel & Ebert, diverses émissions en France, les émissions spécifiquement de la chaîne Game One, et dans une certaine mesure Elvira, l’un des ancêtres spirituels de ce genre d’émission (surtout en tant que série sur chaînes à accès public), seraient la série Flights of Fantasy présentée principalement par un certain George Wood. Ce qui a commencé avec la discussion de comics dans le contexte de leur boom spéculatif au début des années 1990 a évolué en une série de discussions sur les jeux durant une partie des années 1990, en plus de parler de grosses sorties au cinéma. Cette série est redécouverte une première fois vers le milieu des années 2000, puis une seconde fois vers la fin des années 2010, via la présence des segments sur une chaîne créée par Wood pour son organisme de remise de prix, “NAVGTR”. Il postait le tout sous le nom saugrenu de “Gaming In The Clinton Years”.
Un élément en commun avec des séries de critiques plus modernes inclut un certain sens de l’hyperbole au niveau des opinions. L’une des déclarations les plus célèbres de Monsieur Wood est que Tomb Raider bénéficierait de tacler le cancer du sein de Lara Croft en tant que sujet. Un autre sujet de discussions de son émission inclut des références semi-régulières à l’usage des stations Silicon Graphics dans la création de graphismes pour les jeux vidéo. Cela est comparable à des running gags comme des tirades du Nostalgia Critic par rapport à Batman ayant une carte de crédit ou l’AVGN proposant l’écran de game over le plus insultant auquel il puisse penser.
L’émission a même fini par évoluer vers le net, via le feu site “foftv.com” avec même des critiques écrites et du contenu plus aléatoire comme des quizs, toujours liés d’une manière ou d’une autre aux jeux vidéo. Le tout se finira en 2001 en raison d'une restructuration du côté du studio et des producteurs. George Wood et ses comparses via NAVGTR (et une compagnie appelée “Avatoy”) ont continué leur discussion de jeux vidéo au fil des années de diverses manières.
En conclusion, bien que de manière invisible, l’esprit “maison” de la télé communautaire, même avec la présence de contenu web de plus en plus proche de la télé, reste en vie d’une certaine manière. La connaissance de divers horizons, disponible au plus grand nombre, le tout dans le confort de votre foyer.
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